VOIR LE BEAU
JOËLLE
Proche-aidante et proche-aimante.
Pour Joëlle, l'entraide n'est pas apparue comme une vocation, mais comme une responsabilité. Alors quand la maladie de sa mère s'est empirée, elle s'est immédiatement dévouée à prendre soin d'elle, sans se poser de questions. À travers cette aventure, elle a compris l'étendue de sa propre résilience, la véritable signification de la famille et l'importance des petits moments de self care.
POURQUOI PENSES-TU AVOIR ÉTÉ INSCRITE POUR CETTE CAMPAGNE?
Pour vrai, j'en reviens pas d'avoir été nominée, et encore moins d'avoir été choisie, parce que selon moi, je fais juste la moindre des choses. Mais j'imagine que c'est parce que je m'occupe depuis 1 an à temps plein de ma mère atteinte d'Alzheimer avancé, en élevant mes enfants en bas âge en même temps.
QU'EST-CE QUI EST LE PLUS IMPORTANT POUR TOI DANS CE QUE TU FAIS?
Ma mère était une femme fière, indépandante, digne. C'est cette dignité-là que je veux préserver pour elle. Je lui fais les cheveux, lui mets de la crème, la maquille. Je ne le fais pas pour son look, mais pour le moment que ça me permet d'avoir avec elle. Le temps s'arrête et j'ai l'impression que pour un instant, elle se reconnait.
QU'EST-CE QUE LA BEAUTÉ POUR TOI?
Je pense que c'est justement ça, la dignité. C'est la confiance que quelqu'un dégage.
« J’en revenais pas d’avoir été nominée, et encore moins d’avoir été choisie, parce que selon moi, je fais juste la moindre des choses. »
La « moindre des choses » dont Joëlle parle, c’est de s’occuper à temps plein de sa mère atteinte d’Alzheimer précoce avancé en élevant simultanément ses enfants en bas âge.
On ne sait pas pour vous, mais nous, on a déjà vu plus moindre, comme choses. Pour Joëlle, pourtant, changer de vie afin d’améliorer celle de ses proches était un réflexe.
« Ma mère était une intellectuelle. Elle était encore à l’université dans sa cinquantaine, juste parce qu’elle voulait apprendre. C’était une femme fière, indépendante. J’étais pas pour la laisser perdre sa dignité. »
D’ailleurs, quand on demande à Joëlle ce qu’est la beauté pour elle, elle répond justement ça : la dignité.
Proche-aidante et proche-aimante. Mais pour elle la dignité, ça va bien au-delà de l'apparence. Ce n'est pas une pression de bien paraître, mais une volonté de se présenter avec confiance. Et c'est ce qu'elle voulait pour sa mère.
« Je veux qu’elle continue de se sentir elle-même, même si elle l’est un peu moins chaque jour. Je lui fais les cheveux, lui mets de la crème, la maquille. Je ne le fais pas pour son look, mais pour le moment que ça me permet d’avoir avec elle. Le temps s’arrête et j’ai l’impression que pour un instant, elle se reconnait. »
Joëlle s’est aperçue dernièrement que, sans s’en rendre compte, ce qu’elle fait pour sa mère était aussi en train de devenir l’exemple qu’elle donne à ses enfants. C’est une façon pour elle de leur faire comprendre qu’il y a des choses moins belles dans la vie, mais que ces choses n’enlèvent rien à la beauté de ceux et celles qui les vivent.
« C’est aussi une façon de leur faire comprendre que dans la vie, faut s’occuper de maman. » dit-elle en riant.